Hydro devra se contenter de 0,3 %
En plus d’avoir à se contenter d’une hausse de tarifs inférieure à ce qu’elle avait demandé. Hydro-Québec ne pourra plus encaisser la différence entre ses profits prévus et ses profits réels, comme elle l’a toujours fait.
Dans sa décision rendue publique hier, la Régie de l’énergie ramène à 0,3 % la hausse des tarifs d’électricité qui s’appliqueront à compter du 1er avril. Hydro avait réclamé une augmentation de 1,1 % et avait ensuite révisé sa demande à la hausse, à 1,3 %, pour tenir compte de l’augmentation des taux d’intérêt.
Si le rendement d’Hydro-Québec en 2017 est supérieur à celui autorisé par la Régie l’an dernier, la société d’État devra en remettre une partie à ses clients en réduisant sa prochaine augmentation de tarif. Ces écarts de rendement fréquents étaient dénoncés de toutes parts comme de la surfacturation de la part d’Hydro-Québec.
L’augmentation inférieure à celle escomptée privera Hydro de 127 millions de revenus et l’obligera à faire des économies. « Hydro-Québec devra faire des choix afin de limiter ses coûts », a indiqué l’entreprise hier. Qu’est-ce qui sera coupé ? « Nous allons regarder toutes les possibilités », s’est contenté de dire son porte-parole, Marc-Antoine Pouliot.
Le ministre de l’Énergie et des Ressources, Pierre Moreau, estime qu’une hausse de 0,3 % est acceptable. « C’est inférieur à l’inflation et inférieur à ce qu’Hydro avait demandé », a-t-il souligné hier lors d’un entretien avec La Presse.
Même avec des surplus importants, Hydro-Québec a des coûts à supporter, a justifié le ministre. M. Moreau insiste sur le fait que les Québécois bénéficient des tarifs les plus bas en Amérique du Nord et que la Régie veille à ce qu’Hydro-Québec aide les ménages à faibles revenus.
Il considère aussi positivement la décision de la Régie de s’attaquer à la question des écarts de rendement et d’augmenter le seuil de la première tranche de consommation de 33 à 36 kilowattheures par jour, dont le tarif est inférieur à celui du reste de la consommation.
La décision de la Régie a de quoi réjouir les entreprises grandes consommatrices d’électricité, qui n’auront aucune augmentation de leur tarif pour l’année qui vient. Hydro voulait les augmenter de 1 %.
Pour l’Union des consommateurs (UC), le traitement réservé à ces entreprises est injuste pour les familles québécoises. « La Régie de l’énergie avait pourtant toute la latitude pour geler également les tarifs des ménages québécois, voire les faire diminuer », a déploré la porte-parole de l’organisme, Viviane de Tilly.
Avoir les tarifs les plus bas et une hausse inférieure à l’inflation ne règle pas le problème de ceux qui ont de la difficulté à payer leurs factures, selon l’UC. « On nous parle de comparaisons de tarifs alors que la préoccupation réelle des ménages est celle de la facture d’électricité qu’ils ont à payer », a-t-elle commenté.
Les PME considèrent l’augmentation de 0,3 % comme une bonne nouvelle, a fait savoir hier Martine Hébert, vice-présidente de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Cette réduction de la hausse demandée par Hydro est la bienvenue dans le contexte d’incertitude commerciale actuel, selon elle. « Le Québec a besoin de tous les leviers possibles pour assurer et maintenir la compétitivité de ses PME. »